Changer les perceptions avec Maxon One L'artiste Kevin Jaeger brouille les frontières entre l'art numérique et les beaux-arts.

Il y a quelques années, l'artiste hambourgeois Kevin Jaeger a rencontré le propriétaire du détaillant de vêtements Habibi. Impressionné par leurs vêtements et leur message, il a proposé un projet promotionnel collaboratif qui répondrait à l'idée de Habibi selon laquelle la perception de l'écriture arabe en Occident est souvent associée à des stéréotypes négatifs.

Le projet utilise les fleurs comme synonymes de beauté et de positivité, illustrant comment la réunion d’éléments venus du monde entier peut créer de la beauté.

Nous avons rencontré Jaeger pour découvrir son évolution en tant qu'artiste 3D et apprendre comment il utilise Cinema 4D, Redshift et Marvelous Designer pour transformer des visions conceptuelles en animations fascinantes.

Jaeger : Mon parcours a commencé il y a plus de dix ans, alors que je voulais devenir illustrateur, mais mon chemin m'a plutôt conduit vers la conception de sites web et l'animation. C'est à cette époque que j'ai découvert l'animation 3D, grâce à un directeur créatif avec lequel je travaillais et qui aimait utiliser Cinema 4D. Malgré une difficulté initiale avec le concept de la 3D et une brève interruption, j'ai été attirée à nouveau par les nombreuses possibilités offertes par la 3D, des choses que je ne pouvais pas faire dans d'autres rôles créatifs.

Jaeger : J'ai réfléchi à la manière de représenter visuellement l'immigration dans notre société dans son ensemble et j'ai eu l'idée d'utiliser des fleurs pour représenter l'idée d'éléments divers provenant du monde entier qui se réunissent pour créer quelque chose de beau. Cette métaphore correspond également au concept du logo ID d'Habibi, qui permet de personnaliser les couleurs lors de l'achat d'un sweat à capuche ou d'un t-shirt, symbolisant ainsi l'individualité et l'unité.

En partant de cette idée, j'ai imaginé une fleur se transformant en un fil se tissant dans le logo Habibi sur un sweat à capuche. J'ai esquissé un story-board et j'ai contacté le propriétaire d'Habibi, en lui présentant l'idée et en espérant une opportunité de collaboration.

Jaeger : Je commence par rechercher des éléments liés au projet, en l'occurrence des fleurs, du fil et d'autres inspirations visuelles, et je commence à envisager des design potentiels. J'ai essayé d'imaginer l'aspect des fleurs, l'éclairage et l'approche du mouvement et de l'animation qui conviendrait le mieux.

J'esquisse des idées ou je fais un test rapide dans Cinema 4D s'il s'agit de quelque chose de simple. Ensuite, c'est un va-et-vient constant, entre les croquis, les logiciels et les planches d'ambiance, jusqu'à ce que le projet commence à prendre forme.

Jaeger : C'est principalement Cinema 4D avec Redshift comme moteur de rendu pour la base de mes projets. Pour ce projet en particulier, j'ai utilisé Marvelous Designer pour la simulation du sweat à capuche. Je fais des croquis sur mon iPad à l'aide de Procreate et Pinterest est mon outil de prédilection pour créer des planches d'ambiance.

Mon workflow dépend fortement des déformateurs C4D, qui sont des outils quotidiens essentiels pour moi. J'apprécie vraiment de pouvoir configurer une scène avec la possibilité de tout ajuster ultérieurement. C'est particulièrement utile pour s'adapter aux changements demandés par un client sans avoir à refaire une grande partie du travail.

J'utilise également beaucoup les outils de modélisation en volume, car je peux obtenir de bons résultats sans recourir à des techniques de modélisation complexes. Je peux commencer par des formes simples, les manipuler avec des déformateurs, appliquer le mailleur de volume, puis affiner le modèle pour obtenir des formes joliment modélisées avec une excellente topologie. C'est une approche beaucoup plus simple que la modélisation polygonale traditionnelle.

Jaeger : Je ne voulais pas seulement créer une belle animation pour la marque, mais aussi développer et intégrer mon propre style. J'ai travaillé avec des éléments comme les glitches et les pixels visibles et je voulais les intégrer dans l'animation pour qu'elle ressemble davantage à une collaboration qu'à une simple publicité.

Une autre partie délicate a été l'animation du tissu, qui était initialement dans C4D, mais j'ai plus d'expérience avec Marvelous Designer pour la simulation de tissu, j'ai donc décidé de l'utiliser à la place et cela a très bien fonctionné.

Le mouvement de la caméra était également particulièrement compliqué, car il devait suivre en douceur les coutures du logo. Ce qui semblait simple dans mon mood board ou mes croquis était en fait assez pénible à exécuter. Il a fallu définir et ajuster de nombreuses images clés pour éviter tout pivotement gênant et il a fallu environ deux jours pour y parvenir.

Et bien sûr, l'embellissement des fleurs et le travail sur l'éclairage Redshift ont également demandé beaucoup d'efforts. À un moment donné, j'ai décidé de refaire tout l'éclairage parce que je sentais qu'il pouvait être meilleur. Nous n'avions pas de délai précis, ce qui m'a permis de prendre le temps de peaufiner le travail.

Je m'investis vraiment dans mon parcours artistique. J'ai pour objectif de me plonger encore plus profondément dans mon art, à l'image des œuvres que je partage sur mon Instagram. J'explore actuellement la sculpture de manière approfondie et j'en tire beaucoup d'enseignements.